Le Fonds Monétaire international (FMI) a annoncé lundi 3 décembre la suspension de 240 millions USD de prêts à la République démocratique du Congo, pour n'avoir « pas publié les contrats miniers », comme il l'avait requis.
Les autorités congolaises ont publié la semaine dernière une note sur la vente en 2011 de leur participation dans une mine gérée par le groupe Khazake ENRC, mais le FMI a estimé que cette publication était insuffisante. Le FMI avait conditionnée ses prêts à la RDC à des exigences de plus grande transparence du secteur minier.
« La RDC espérait que la note suffirait à convaincre le FMI de prolonger le programme de prêts, qui expire le 10 décembre avec trois tranches restantes du total de 560 millions de dollars. Le Fonds avait suspendu les prêts l'an dernier après la cession par Kinshasa de sa participation de 25% dans un projet minier à une société des îles Vierges britanniques », rapporte BBC Afrique.
Consultations de 2012 au titre de l'article IV
Le 24 septembre 2012, le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations de 2012 au titre de l'article IV avec la République démocratique du Congo (RDC).
« Durant ces dernières années, les résultats économiques de la RDC se sont nettement améliorés, mais les progrès dans la lutte contre la pauvreté et dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement ont été lents. Des politiques macroéconomiques prudentes et des réformes structurelles ont été à la base des bons résultats et ont permis à la RDC de bénéficier, au milieu de 2010, d'un allègement de la dette au titre de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) renforcée », a-t-il noté.
La faiblesse des liens financiers de la RDC avec les pays de la zone euro l'ont largement mise à l'abri des turbulences de cette région, et le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) réel a été d'environ 7% en 2010-11. La vigueur des flux d'investissement et des échanges commerciaux en provenance de pays non européens, principalement alimentée par le secteur minier, a été le principal vecteur de croissance.
En 2011, l'inflation se situait nettement au-dessus de la cible à un seul chiffre fixée par la Banque centrale du Congo (BCC), en grande partie à cause de facteurs extérieurs, mais elle avait été ramenée aux alentours de 10 % en juillet 2012.
« Le secteur extérieur s'est sensiblement amélioré grâce à l'allégement de la dette au titre de l'Initiative PPTE, mais la RDC reste soumise à un risque élevé de surendettement en raison de sa vulnérabilité à la volatilité des termes de l'échange, à la forte dépendance à l'égard des importations de produits alimentaires et de biens d'équipement, et au champ limité des produits exportés », a relevé le FMI.
Il a noté, en outre, que « les insuffisances de la gestion de la dette sont susceptibles d'accroître le risque d'une nouvelle accumulation de la dette qui atteindrait un niveau insoutenable. Le déficit courant s'est creusé en 2011 à environ 11½ % du PIB en raison du repli des cours des matières premières par rapport à leur niveau élevé de 2010 et de l'augmentation des importations en valeur, notamment dans le cas des produits alimentaires et énergétiques et des biens d'équipement ».
« Améliorer la gouvernance et la transparence »
« Les faiblesses récemment observées dans le processus budgétaire, les projections trop ambitieuses des recettes et une enveloppe de dépenses tout aussi volumineuse, présentent un risque pour la crédibilité budgétaire et soulignent le besoin de renforcer et de pérenniser les réformes de gestion des finances publiques », a constaté le FMI.
Pour autant, d'autres réformes ont accusé des retards et de nouvelles difficultés sont apparues, notamment les lacunes de la gestion de la dette extérieure (apparition d'arriérés de paiement extérieurs) et de la responsabilisation et de la transparence des opérations des entreprises d'Etat dans les industries extractives. « Ces insuffisances pourraient saper les progrès récemment réalisés et sont à l'origine des retards dans l'achèvement des quatrième et cinquième revues de l'accord au titre de la Facilité élargie de crédit », a-t-il averti.
Il a noté que « la pauvreté reste généralisée, l'économie est vulnérable aux risques intérieurs et extérieurs et les retards du programme sont une source de préoccupations ».
Il a alors préconisé « un redoublement des efforts en vue de préserver la crédibilité budgétaire, de renforcer le cadre de la politique monétaire et d'améliorer la gouvernance des industries extractives ».
Le FMI a aussi noté que « le secteur financier est sous-développé ; ce qui limite l'intermédiation financière et le mécanisme de transmission de la politique monétaire ». Il a « conseillé aux autorités d'améliorer la supervision bancaire, de faire appliquer les règles prudentielles, d'assurer la qualité des données ainsi que la capacité analytique de la banque centrale ».
Pour le FMI, « il convient d'intensifier les efforts destinés à améliorer la gouvernance et la transparence des industries extractives ainsi que le climat des affaires de manière plus générale si le pays veut tirer parti des avantages de sa grande richesse en ressources naturelles ».
« En particulier, les autorités doivent agir rapidement pour remédier aux insuffisances récemment mises à jour par la transformation des entreprises d'Etat en sociétés privées dans le secteur des ressources naturelles », a encore conseillé le FMI.
Source: Le Potentiel