Si nous devions décrire la performance des bourses africaines cette année, une expression viendrait à l’esprit : « montagnes russes ». De la volatilité des devises à celle des prix des matières premières, en passant par une croissance économique plus faible qu’espérée…les investisseurs ont dû s’accrocher cette année. Mais malgré tout, nous pensons que l’Afrique dans son ensemble continue de représenter une réelle opportunité d’investissement. Les fondamentaux tels que la démographie avantageuse, l’accélération de l’urbanisation ou encore l’abondance des matières premières restent intacts, tout comme les défis macroéconomiques à court-terme.
Certains marchés tels que la Zambie, le Ghana et le Nigéria ont fortement chuté cette année. Le LuSE ASI de la bourse de Lusaka a connu la plus forte baisse de l’année, chutant de 26,83% en monnaie locale. La Zambie fait face à la croissance la plus faible de ces dernières décennies ainsi qu’à un déficit budgétaire croissant. Le pays dépend du cuivre qui représente plus de 70% du revenu annuel des exportations, et a donc souffert de la chute des cours des matières premières qui a affaibli la devise et accru le déficit budgétaire. Les réserves de changes ont baissé à cause du paiement des intérêts sur la dette extérieure (Eurobonds) ainsi que des subsides pour le carburant ainsi que ceux aux fermiers. La situation est similaire au Ghana comme le montre le vote massif en faveur du changement lors des récentes élections. L’économie a ralenti suite à la baisse des cours mondiaux de ses principaux produits d’exportation (or, cacao, et pétrole). Par ailleurs, le déficit fiscal a explosé avec l’augmentation des salaires dans la fonction publique et la politique monétaire trop accommodante qui a contribué à une forte hausse de l’inflation et une dévalorisation du cédi. Le GSE-CI perd 24,55% cette année. A Lagos, la dévalorisation du naira ne semble pas avoir suffi à rassurer les investisseurs sur la santé économique du pays qui souffre toujours de la pénurie de dollars, la récession et l’augmentation du déficit budgétaire. Le NGSE ASI a perdu 6,17% cette année.
Un autre fait marquant de cette année est le maintien par l’Afrique du Sud de sa note de crédit, malgré les tensions politiques qui ont secoué le pays tout au long de l’année et auraient pu amener les agences de notation à revoir leur évaluation de la solvabilité du pays. Une baisse de la note sud-africaine était crainte puisqu’elle pouvait augmenter le coût de la dette et empêcher le gouvernement d’honorer ses obligations, obtenir des crédits et atteindre ses objectifs budgétaires. Le JSE ASI a terminé l’année à peu près au niveau auquel il l’avait commencée.
En ces temps incertains, certaines économies se sont bien portées en 2016. Le Kenya, le Maroc, la Tanzanie et la Côte d’Ivoire, tous des pays importateurs de pétrole, sont sortis du lot grâce à une croissance raisonnable et des choix politiques appropriés. Mais il est vrai que ces éléments n’ont pas nécessairement contribué à une performance positive de leurs bourses respectives.
L’EGX 30 a enregistré la meilleure performance de l’année avec une croissance de 76,2% en devise locale. L’indice a profité du vent favorable qui a soufflé sur les marchés après la très attendue libéralisation du taux de change de la livre égyptienne par rapport au dollar américain, et l’obtention de la facilité de crédit de $12 milliards octroyée par le FMI.
Enfin, une des dernières surprises de 2016 a été le lancement de la nouvelle monnaie nationale du Zimbabwe pour réduire la pénurie de liquidités. Les « notes » ont bien été accueillies par le marché, à en juger par la performance du ZSE Ind. qui a gagné 25,84% cette année.
Les considérations géographiques et sectorielles ont leur importance pour quiconque investit sur les marchés africains. Si nous nous projetons, nous pouvons voir une légère reprise au Nigéria et en Afrique du Sud. Les pays exportateurs de pétrole devraient pouvoir eux aussi profiter de cours plus avantageux, dans la deuxième moitié de l’année. Pour 2017, nous nous attendons également à ce que les marchés d’Afrique de l’Est continuent sur leur lancée, et que les secteurs liés à la consommation, les infrastructures, l’énergie, et l’agriculture surperforment.