Il y a du nouveau sous le soleil : le Royaume-Uni a voté pour sortir de l’Union Européen et a causé le chaos sur les marchés vendredi dernier, malgré que ce résultat ait été autant probable qu’un vote pour le maintien du Royaume. Ralentissement de la demande chinoise, matières premières à prix plancher, et maintenant le « Brexit », quelles conséquences pour les marchés africains ?
Déjà affaiblie, l’Afrique du Sud sera peut-être la plus affectée par le « Brexit ». Le rand a été la devise la plus touchée après la livre sterling vendredi, perdant près de 7%. De nombreuses sociétés sud-africaines sont cotées tant à Londres qu’à Johannesburg et ont donc autant souffert que leurs pairs londonniens. Ce n’est pas un secret que l’Afrique du Sud a des liens financiers avec la Grande-Bretagne. De surcroit, le royaume est la quatrième destination des exportations sud-africaines. Les investisseurs craignent donc que le commerce entre les deux nations soit touché. Cela intervient alors que le PIB sud-africain a perdu 1,2% au premier trimestre de cette année. Le JSE ASI baisse de 0,88%.
Pour le Nigéria, le « Brexit » intervient au mauvais moment. Le gouvernement vient tout juste de mettre en place des mesures pour éviter la récession telles que l’abandon de la politique de taux de change fixe et la libéralisation des prix du pétrole. Le commerce entre les deux pays, évalué à 8,3 milliards de dollars, va probablement être perturbé pendant un moment. La Grande-Bretagne a été la première source d’investissements directs étrangers en 2015. Un « Brexit » qui ralentirait l’économie britannique et réduirait le commerce et les investissements britanniques, aurait un sérieux impact sur l’économie nigériane. La nouvelle politique de change pourrait être contreproductive dans un tel contexte. Le NGSE ASI gagne néanmoins 4,79%.
A l’instar de ses pairs africains, le Kenya risque de perdre des exportations, de connaitre des pressions sur sa devise locale et une fuite de capitaux d’investisseurs averses au risque. Ici aussi, le Royaume-Uni est l’une des principales destinations des exportations. Les exportations de fleurs kényanes pourraient subir l’impact du « Brexit ». La banque centrale a déclaré qu’elle avait l’équivalent de 560 milliards de shillings de réserve de change, soit assez pour couvrir cinq mois d’importations. A Nairobi, le NSE ASI perd 3,7%.
Au Caire, l’EGX 30 a perdu 2,25% après que la banque centrale ait décidé de relever ses taux de 100 points de base. Les investisseurs craignent également la perte potentielle d’investissements britanniques.
Nous entrons dans une période sans précédent. Il est donc difficile de juger de l’impact exact qu’aura le « Brexit » sur l’Afrique. La nouvelle en a choqué plus d’un, et la sortie effective du Royaume-Uni sera probablement un long processus qui générera de l’incertitude et affectera tant le UK que l’Europe. A vrai dire, l’économie mondiale ne se portait pas vraiment bien avant même ces événements. Donc, un ralentissement de la croissance dans ces économies avancées ne va pas nécessairement générer des mouvements extrêmes sur les marchés de devises. A l’inverse, nous pouvons imaginer que le Royaume-Uni, maintenant libre de ses mouvements souhaitera améliorer ses relations commerciales avec ses partenaires du Commonwealth (dont de nombreux sont en Afrique), qui arriveraient en position de force à la table des négociations. Pour tirer parti d’un tel scénario, les investisseurs devront accepter une période d’incertitude qui, pour les investisseurs africains, est presqu’une habitude.
