Les marchés ont été très actifs cette semaine. Apparemment peu sensibles aux résultats trimestriels peu convaincants, les bourses mondiales semblent de mieux en mieux accepter l’idée d’une relève des taux aux Etats-Unis. Et ils ont raison de l’être : Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale, a confirmé qu’une telle hausse pouvait devenir réalité dans les mois à venir, si l’économie continue de s’améliorer. Yellen rejoint donc ainsi les quelques autres officiels de la banque centrale qui commentent publiquement la prochaine décision de la Fed depuis quelques semaines. La présidente de la Fed s’est toujours montrée favorable à un ajustement graduel des taux à condition que l’inflation atteigne l’objectif de 2%. Bien que les conditions économiques se soient améliorées, le dernier chiffre officiel pour l’inflation est de 1,1%. Pour les marchés africains, cela signifie donc que nous ne sommes pas près de revoir des taux au niveau d’avant-crise. Une bonne chose. Par ailleurs, l’optimisme a été de rigueur cette semaine après que le pétrole ait franchi la barre de 50 dollars le baril pour la première fois en 7 mois, accompagnant le rebond des métaux précieux (or et platine).
Sur le continent, la meilleure performance de la semaine est celle du Nigéria. Le NGSE ASI a gagné 6,53% aidé par la hausse des prix du pétrole. A Johannesburg, le JSE ASI a terminé la semaine dans le vert (+2,79%) soutenue par la bonne tenue des marchés mondiaux, et ce, malgré quelques mauvaises nouvelles sur le marché local. En effet, l’agence de notation Moody’s a abaissé les perspectives du secteur bancaire sud-africain ce vendredi, citant une détérioration des conditions opérationnelles. Standard & Poor’s et Fitch doivent, elles, annoncer leurs décisions quant à la note de l’Afrique du Sud cette semaine (actuellement, un cran au-dessus de « spéculatif »). Fitch a déjà annoncé jeudi dernier que les querelles politiques en marge des prochaines élections locales en aout posent un risque pour le statut du pays. Ces perspectives négatives ont pesé sur le rand ce vendredi.
Notons également cette semaine la baisse de la note du Mozambique par S&P, la faisant passer de B- à CCC, mentionnant le risque croissant de défaut notamment dû à des coûts de service de la dette plus importants que prévus ou à une interruption du financement étranger officiel. Fitch, du même avis, a également abaissé sa note indiquant qu’un défaut était probable, alors que les analystes de Moody’s pensent, eux, que le pays est déjà en défaut. Le Mozambique dit devoir 9,85 milliards de dollars à ses investisseurs étrangers. D’où la question légitime : est-ce un cas isolé ou le premier d’une longue série dans la région ? L’Afrique est encore loin d’une crise de la dette, avec un niveau d’endettement moyen autour de 17-18% du PIB, ce qui est bien moins que la moyenne européenne fin 2015 (86%). Les économies africaines pourraient donc encore supporter de la dette a priori. Néanmoins, la forte croissance de la dette émise en monnaie étrangère et la dépréciation des devises locales ont augmenté le coût du remboursement dans un contexte de ralentissement économique. Comme souvent pour l’Afrique, il faut analyser la situation au cas par cas et éviter toute généralisation. En effet, bien que la situation au Mozambique soit difficile, plusieurs autres pays du continent ont mis en place des réformes et des politiques de gestion de la dette qui les épargnent pour l’instant.