Après M-Pesa, la plateforme de paiement mobile lancée en 2007, le Kenya fait encore une fois office de précurseur dans le secteur de la technologie mobile avec le lancement jeudi 23 Mars 2017 de "M-Akiba", le premier emprunt obligataire via téléphone mobile, permettant aux couches de la population à faible revenu d’investir sur les obligations d’Etat.
Cela faisait plusieurs mois que le gouvernement Kenyan a annoncé des plans pour emprunter directement aux citoyens via leurs téléphones mobiles. Cette annonce a toutefois été suivie d'un certain nombre de faux départs principalement liés à la capacité du système, entre autres défis.
Investir dans les emprunts d’Etat au Kenya à longtemps été la chasse gardée de grandes sociétés tels que les banques, assurances, fonds de pension ou d’individus fortunés, car il fallait débourser au minimum 50 000 shillings (environ 500 USD), hors de porté d’une grande partie de la population, aussi, il fallait se déplacer physiquement à Nairobi et quelques autres grandes villes.
Avec M-Akiba, non seulement il suffit de 3000 shillings (environ 30 USD), mais aussi tout se passe sur mobile, et nul besoin d’un smartphone car comme pour M-Pesa, le téléphone le plus basique suffit, à l’aide de combinaisons de chiffres tels que *889# pour ouvrir un compte CDS (Compte titre nécessaire pour traiter sur les valeurs mobilières). Le montant total est néanmoins limité à 140 000 shillings par jour.
Ce système, révolutionnaire donc, ouvre ce premier emprunt d’Etat "mobile" aux couches les plus basses de la population. Avec un minimum de 3000 shillings, tout kenyan, domicilié dans une grande ville ou dans le village le plus reculé du pays, peut profiter des rendements des emprunts d’Etat. En effet M-Akiba versera 10% d’intérêt tous les 6 mois, et bien sûre le remboursement total du montant investi à l’échéance de l’obligation. A tout moment, toute personne pourra également acheter ou vendre un M-Akiba à travers les différents intermédiaires.
Au jour du lancement jeudi 23 Mars, M-Akiba a enregistré plus de 1 million de shillings dès la première heure, signifiant l’appétit élevé de la population pour cet emprunt.
La question se pose pour les autres Etats africains, investir dans les emprunts d’Etats dans la plupart des pays n’est pas à la portée de la majorité des populations. Les Etats Africains pourraient profiter encore plus de la montée en puissance de la classe moyenne africaine en s’inspirant de ce système, les titres d’Etats sont « presque » sans risque, favorisent l’épargne de la population et donc l’investissement, et augmentent le niveau d’inclusion financière. Alors verront nous un jour M-Akiba exporté dans d’autres pays Africains ?