Trois pays d'Afrique de l'Est ont uni leurs forces pour mettre en œuvre un projet financier financé par la Banque mondiale qui vise à connecter les marchés boursiers régionaux par voie électronique. Cela signifie qu'elles pourront fonctionner comme un marché unique en vue de réduire le coût et le temps de négociation des actions de sociétés cotées sur ces marchés.
L'Ouganda (USE), le Rwanda (RSE) et la Tanzanie (DSE) devraient commencer à opérer en tant que marché unique avant la fin de cette année (2020) après avoir interconnecté leurs systèmes de négociation. Ceci permettant aux investisseurs des trois pays d'acheter et vendre des actions de sociétés cotées dans n'importe lequel de ces pays sans devoir changer de courtier.
Actuellement, les courtiers ougandais prennent la plus grande part des commissions sur les négociations d'actions, à 3,28% de la valeur des transactions, non seulement en Afrique de l'Est mais sur tout le continent africain.
Au Rwanda et en Tanzanie, la commission de courtage sur les opérations sur actions est réglementée à 1,5% tandis qu'au Kenya, la commission applicable est limitée à 100 Ksh (environ 1 $) pour les transactions jusqu'à 3000 Ksh (30 USD) et 1,8% pour les transactions excédent 30 $.
L'Association des bourses de valeurs de l'Afrique de l'Est (East African Securities Exchange Association - EASEA) a déclaré que le projet traînait depuis plus de cinq ans en grande partie en raison d'un différend de paiement avec le fournisseur de logiciels et d'un manque d'intégration entre le logiciel CMI et les systèmes de négociation des États participants - Ouganda, Tanzanie et Rwanda. Ajoutant que ce projet supprimera les obstacles à la négociation d'actions sur les marchés régionaux, stimulera les activités et augmentera la liquidité sur les marchés sous-performants une fois opérationnels.
«Nous faisons les derniers tests sur notre système pour le projet CMI. Nous sommes prêts psychologiquement et techniquement, nous travaillons sur les aspects techniques qui restent. D'un autre côté, la Tanzanie et l'Ouganda sont techniquement prêts », a déclaré à The East African Célestin Rwabukumba, président de l'association et PDG de la Bourse du Rwanda.
«Tout devrait être prêt d'ici la fin de ce mois, puis nous nous mettrons d'accord sur l'heure du lancement car 95% du travail a été fait. Le lancement ne peut pas aller au-delà de décembre car nous ne pouvons pas nous permettre d'aller au-delà de cette période », a-t-il ajouté.
La société pakistanaise InfoTech Private Ltd avait été engagée pour fournir le logiciel reliant les plates-formes de négociation de l'Uganda Securities Exchange, de la Bourse de Dar es Salaam et de la Bourse du Rwanda afin de leur permettre de fonctionner comme un marché unique en temps réel.
Le Kenya, qui gère le plus grand marché boursier de la région en termes de capitalisation boursière et de nombre de sociétés cotées s'était retiré du projet en 2015 après avoir exprimé son mécontentement quant à la manière dont l'entreprise pakistanaise a obtenu le contrat, en raison d'irrégularités en matière de passation de marchés publics.
«Nous n'avons pas encore reconsidéré notre position en termes de participation à ce projet mais nous avons eu une discussion avec l'EASEA sur l'avancement du projet et dans quelle mesure ils en sont. Ils nous ont dit qu'ils avaient mis en place l'infrastructure et qu'ils étaient prêts pour le lancement. Ils sont censés partager avec nous certaines informations, y compris l'efficacité et les résultats attendus du projet afin que nous puissions faire une évaluation appropriée de l'état actuel du projet avant que nous puissions prendre d'autres décisions », a déclaré Geoffrey Odundo, directeur général de la Bourse de Nairobi (NSE).
«Mais pour le moment, nous n'avons pris aucune décision de revenir au projet», a ajouté M. Odundo.
La capitalisation boursière du Nairobi Securities Exchange (NSE) pour la période de six mois se terminant le 16 juin 2020 s'est élevée à 22,1 milliards de dollars par rapport aux DSE, USE et RSE dont la valeur des actions cotées s'élevait respectivement à 6,5 milliards de dollars, 5,1 milliards de dollars et 3,52 milliards de dollars.
Cette initiative fait partie du projet de 26,18 millions de dollars de la Banque mondiale qui a été approuvé en mars 2011 pour jeter les bases de l'intégration du secteur financier entre les États membres de la East African Community avant la mise en œuvre d'un régime de monnaie unique dont l'échéance initiale de 2024.
Le projet comprend six volets, dont l'intégration de l'infrastructure de marché (3,75 millions de dollars), le développement du renforcement des institutions du marché obligataire régional (12,1 millions de dollars) et la gestion de projet (1,1 million de dollars).
D'autres sont l'inclusion financière et le renforcement des acteurs du marché (4,3 millions de dollars), l'harmonisation des lois et règlements financiers (4,23 millions de dollars) et la reconnaissance mutuelle des agences de surveillance (7 millions de dollars).
À travers le continent, les gestionnaires des bourses africaines ont également entamé le processus d'acquisition d'un logiciel qui reliera sept marchés boursiers avec une capitalisation boursière combinée de 1,25 billion de dollars par voie électronique dans le cadre de la phase initiale du projet de liaison des bourses africaines (African Exchanges Linkage Project - AELP).
Le projet, une initiative conjointe de l'African Securities Exchange Association (ASEA) et de la Banque Africaine de Développement (BAD), vise à promouvoir les échanges transfrontaliers et la liquidité dans les bourses africaines.
En novembre 2018, ASEA a reçu une subvention de 980 000 dollars du fonds de coopération économique Corée-Afrique via la BAD pour faciliter la mise en œuvre du projet.
La phase initiale du projet consiste à connecter sept bourses qui contrôlent plus de 90% (1,25 billion de dollars) de la capitalisation boursière de tout le continent.
Ces bourses comprennent la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo), la Bourse de Casablanca (BVC), la Bourse de Johannesburg (JSE), la Bourse de Nairobi (NSE), Bourse du Nigéria (NGSE), Bourse de Maurice (SEM) et Bourse d'Egypte (EGX).