(Agence Ecofin) - Les détails ne sont pas encore connus, mais le gouvernement égyptien aurait selon Reuters, pris la décision d'imposer une taxe de 10%, sur les bénéfices annuels en capital réalisés par les investisseurs sur l’Egyptian Exchange (marché financier égyptien). Toujours selon la même source, la mesure s'imposerait aussi aux dividendes perçus en liquide et aussi aux actions distribuées gratuitement.
Des sources médiatiques égyptiennes soutiennent que la décision a été prise après une rencontre entre l'actuel ministre des Finances, le responsable de l'administration fiscale en Egypte et des membres d'associations proches des marchés financiers. On apprend ainsi que le gouvernement souhaite encourager les investisseurs de long terme (contrôlant au moins 25% des parts d’une entreprise cotée), en ne taxant leurs gains boursiers que de 5%
Toujours dans le même contexte, le gouvernement égyptien aurait accepté le principe d'annuler les droits de timbre sur les transactions boursières, et a renoncé aussi à appliquer une taxe sur les fonds d'investissement. Rappelons que toutes ces données attendent encore d'être présentées officiellement.
Certains experts du marché financier en Egypte approuvent déjà une mesure qui, selon eux, trouvera toute sa pertinence dans le cadre de réformes plus globales. Interrogé ainsi par des médias égyptien, Mohamed Farid, le président de Dcode Economic and Financial Consulting, un des anciens exécutifs de la Bourse du Caire, a expliqué qu'introduire cette taxation était un bon début qui, contrairement à ce qu'on peut imaginer, ne se traduira pas par la fuite des investisseurs nationaux et encore moins étrangers.
De son point de vue, l'imposition de cette taxe intervient en juste équité, notamment pour des situations où des investisseurs étrangers ont la possibilité de n'intervenir qu'à des moments stratégiques, pour ensuite réaliser des plus-values qui sont exportées. Citant le cas des investisseurs américains, il se demande comment on peut avoir permis que le gouvernement égyptien soutienne le trésor public américain, en ne taxant pas leurs gains sur le marché financier (taxés aux USA), alors que le trésor public égyptien souffre cruellement d'un manque de liquidité.
Mohamed Farid prévient toutefois que cette réforme ne peut suffire à elle seule. Pour lui, la mesure ne sera comprise et admise, que si elle intervient dans le cadre des réformes macro-économiques claires et précises.
D'autres observateurs du marché financier égyptiens sont plus catégoriques et estiment que la mesure est négative. Selon Ahmed Abu El Saad, directeur général de Delta Rasmala Asset Management, la mesure fera fuir les investisseurs vers d'autres marchés financiers de la zone Magrheb et Moyen Orient plus intéressants. Selon lui, toute taxe nouvelle se traduira par une baisse des volumes de transaction. Un argument qui trouve toute sa logique, lorsqu'on se souvient qu'en mai 2013, le gouvernement de Mohammed Morsi, avait décidé d'appliquer une taxe de 0,1% sur les transactions boursières. Une proposition qui avait soulevé la colère des investisseurs et dont la validité est encore en discussion devant la justice.
Pour Elissa Fathi une autre experte des marchés financiers citée aussi par les médias égyptiens, le timing de cette décision n'est pas le bon. C'est la preuve que le gouvernement continue de ne pas comprendre comment fonctionne les marchés des capitaux. « Alors qu'il doit encore trouver des arguments pour attirer des investisseurs qui ont fui après le début de la crise en 2011, il prend des mesures qui vont décourager les téméraires et freiner l'ambition des investisseurs en prospective », a-t-elle déclaré.
Toute analyse ou prise de position sur la mesure devra toutefois attendre le schéma de mise en œuvre qui sera officiellement adopté par le gouvernement, tout autant que les améliorations qui seront faites dans l'environnement des affaires en Egypte. Il sera question notamment de voir comment l'introduction des divers degrés de taxes affecteront le marché et les investisseurs.
