(Agence Ecofin) - L’agence de notation Moody's a abaissé la note de crédit attribuée aux dettes à long terme et celle aux dettes de premier rang non garanties du Gabon, de B1 à B3 assortie d’une perspective négative. Moody’s évoque deux raisons à la base de cet abaissement : la détérioration des finances publiques, en raison de la chute des prix du pétrole combinée à une capacité d'ajustement politique limitée et les pressions aiguës de liquidité qui s’exercent sur le gouvernement.
En effet, la chute des prix du brut a entraîné une baisse chronique des recettes qui sont descendues à 17% du PIB en 2016 contre 30% en 2013. Pour répondre à cette baisse, le gouvernement a fait face à un arbitrage difficile entre la réduction des dépenses, en particulier les dépenses en capital estimées à 7% du PIB en 2014, et soutenir ses secteurs non pétroliers, précise l’agence.
Bien que les déficits publics aient été relativement limités à environ 5% du PIB en moyenne sur 2015-16, cela n’a pas suffi pour s’acquitter des différentes obligations financières, alourdissant les arriérés du gouvernement. A leur tour, les arriérés ont affecté l'activité économique non pétrolière, grevant notamment la trésorerie des fournisseurs de biens et de services du gouvernement.
Le profil de la dette publique s’est détérioré, atteignant 55% du PIB en 2016 contre 33%, deux plus tôt. Mais Moody’s estime que la dette publique devrait augmenter encore pour atteindre 57% du PIB en 2017.
Les perspectives négatives, quant à elles, reflètent les incertitudes concernant la stratégie du gouvernement visant à refinancer la dette à échéance et à financer son déficit malgré le soutien des institutions financières.
La capacité du gouvernement à refinancer sa dette intérieure qui a atteint environ 12% du PIB à la fin de 2016, est limitée en raison de la demande accrue de financement émanant des autres pays de la CEMAC, dont 5 sur 6 sont également exportateurs de brut. Les sorties du Trésor du Gabon sur le marché régional ont été particulièrement volatiles ces derniers temps et parfois bien en dessous de 100%.
En juin, le Fonds monétaire international (FMI) avait approuvé une facilité élargie de crédit de 642 millions de dollars au pays visant à assainir ses finances publiques et surtout stabiliser le niveau de la dette qui prenait un envol sans précédent.