(Agence Ecofin) - L'Afrique du Sud vient d’éviter de justesse une dégradation de sa note par l’agence Standard & Poor's (S&P), qui l’aurait reléguée dans la catégorie dite «spéculative».
S&P a en en effet maintenu le 2 décembre son évaluation du risque du crédit souverain crédit du pays à «BBB», un cran au-dessus du statut indésirable des «investissements spéculatifs», mais a dégradé la dette locale d’un cran à «BBB», tout en maintenant une perspective négative.
Cette nouvelle évaluation intervient une semaine après celles des agences Fitch Ratings et Moody's qui avaient aussi provisoirement accordé le bénéfice du doute à l'Afrique du Sud, tout en recommandant aux autorités de lancer des réformes urgentes pour éviter leur sanction.
S&P a justifié sa décision par des «tensions politiques qui restent très élevées».
L’Afrique du Sud est secouée depuis plusieurs mois par une tempête politique consécutive aux multiples accusations de corruption qui pèsent sur le président Jacob Zuma (photo). Fin novembre, le chef de l'État, dont le second mandat doit s'achever après les élections générales de 2019, a été fortement contesté dans les rangs mêmes de son parti, le Congrès national africain (ANC). Inquiets des conséquences électorales potentiellement désastreuses des affaires de corruption visant le président, plusieurs ministres ont réclamé sa démission.
S&P a indiqué que la persistance de ces tensions politiques pourrait l’amener à dégrader la note souveraine de la nation-arc-en ciel dans les mois à venir. «Nous pourrions baisser la note de l’Afrique du Sud si nous estimons que les institutions s'affaiblissent à cause d'interférences politiques qui portent atteinte à la politique gouvernementale (...) les tensions qui persistent (....) pourraient peser sur la confiance des investisseurs», a prévenu l’agence.
S&P a également indiqué qu’elle pourrait baisser la note du pays «si la croissance ne s'améliore pas». Après avoir enregistré des taux de croissance de l'ordre de 5% entre 2004 et 2007, l'économie sud-africaine tourne au ralenti depuis quelques années, en raison notamment de la chute des cours des matières premières et de la multiplication des mouvements sociaux dans des secteurs stratégiques comme les mines et l’industrie.
Le pays le plus industrialisé du continent souffre également d’une forte sécheresse, la pire depuis un siècle, et du ralentissement de la croissance chinoise. Selon les dernières projections du gouvernement, la croissance de l’économie sud-africaine ne devrait pas dépasser 0,5% cette année contre 1,3% en 2015.